Au cœur des Caraïbes

Lieu idéal pour intercepter les galions espagnols chargés d'or et d'argent qui quittent les côtes du Venezuela et du Mexique, le réseau d'îles des Caraïbes constitue un formidable refuge pour les flottilles des flibustiers qui doivent pouvoir disparaître rapidement, se faire oublier des escadres de guerre toujours à l'affût.

Très tôt, les îles se spécialiseront. A la Jamaïque, le Anglais, à Cuba et à Saint-Domingue, les Français. Les Espagnols eux, solidement implantés sur le continent, tenteront à maintes reprises de contrôler les îles qu'ils trouvent particulièrement mal fréquentées. Ils y parviendront souvent, mais jamais durablement. En effet, les flibustiers ne leur laissent aucun répit tant sur mer que sur terre.

Aux plus beaux jours de la flibuste, ses plus grands capitaines sont capables de lever des flottes de plusieurs centaines de bâtiments et d'un millier d'hommes capables d'enlever des places fortes très bien défendues.

Dès 1543, trois cents flibustiers français s'emparent de Carthagène. En 1553, les sept cents hommes de "Jambe en bois" enlèvent Palma. Un an plus tard, le même, avec trois cents arquebusiers s'emparent de Santiago de Cuba tandis qu'en 1555, le capitaine Jacques de Sorre règle son compte à la Havane. Ces villes seront prises et reprises des dizaines de fois durant tout le 17e siècle. En mer, les coups de main des flibustiers sont tout aussi dévastateurs et leur audace est sans limite, de même que leur courage au combat.

Le butin qu'ils retirent de leurs courses est considérable et "dope" non seulement l'économie des Caraïbes mais tout le commerce atlantique. On parle donc dès lors d’une véritable “contre-société”, avec son économie parallèle et ses propres jeux d’intérêts. Bon gré mal gré, les cours européennes seront bien obligées de compter avec la flibuste, qui tient à la fois le commerce des épices, du sucre et ordonne les relations entre les différentes nations en présence.