Le Venezuela, petit tour d'horizon

1. Situation générale
Le Venezuela (officiellement: République bolivarienne du Venezuela) est un pays (912 050 km2) d'Amérique du Sud bordé au nord par la mer des Caraïbes, au nord-est par l'océan Atlantique, à l'est par la Guyana, au sud par le Brésil, et au sud-ouest et à l'ouest par la Colombie. Le Venezuela compte aussi quelque 70 îles situées au large dans la mer des Caraïbes; Margarita est la plus grande et la plus importante.
Le Venezuela constitue une fédération d'une vingtaine de provinces et d'un district fédéral. (Voir la carte détaillée). 

2. Données démolinguistiques
Le Venezuela comptait près de 24 millions d’habitants en 2001. La population est inégalement répartie et quatre provinces comptent plus d'un million d'habitants: Aragua 1,2 M), Carabobo (1,5 M), le District fédéral (3,1 M), Lara (1,2 M), Miranda (2 M), et Zulia (2,4 M). Environ 67 % des Vénézuéliens sont des Métis (Mestizos) et quelque 180 % sont d'origine européenne; le reste de la population est composée de Noirs (8 %) et d'Amérindiens (7 %).
C'est un pays très homogène sur le plan linguistique. En effet, 92 % des citoyens parlent l'espagnol comme langue maternelle. Seuls les Amérindiens parlent une langue maternelle qui n'est pas l'espagnol. On compte une trentaine de langues parlées par moins d'un demi-million de locuteurs. La plupart de ces langues sont envoie d’extinction: elles ne sont parfois parlées que par 50, 30 ou moins de 10 locuteurs. Seules quelques-unes sont parlées par plus de 1000 locuteurs (en général, entre 1'000 à 3'000): l'arawak, le kalihna, le motilón, le nhengatu, le panari, le pemon, le warao, le wayuu, le yanomamö, le yaruro et le yukpa. De toutes ces langues, le warao (18'000 locuteurs) et le wayuu (170'000 locuteurs) se détachent nettement des autres par le nombre plus important de leurs locuteurs. 
Généralement, les langues autochtones du Venezuela appartiennent aux familles arawak, chibcha et tupi-guarani. Le nombre des locuteurs parlant une langue amérindienne ne dépasse pas officiellement (1992) les 320'000 personnes, mais plusieurs observateurs croient qu'ils atteignent les 500'000. Les populations autochtones sont concentrées dans les régions frontalières (d'est en ouest): provinces de Delta Amacuro, Monagas, Sucre, Anzoategui, Bolivar, Amazonas, Apure et Zulia. 
Selon des statistiques officielles venant du recensement réalisé en 1992, il existe dans le pays 28 ethnies dont la population (exactement de 315'815 individus) ne représente que 1,5 % du total national. Cette population se trouve dans huit entités fédérales (provinces) et se concentre majoritairement dans les zones frontalières (au nord-ouest, nord-est et au sud); en outre, 58 % de la population
indigène se trouve dans les zones rurales. 

3. Données historiques
À l'origine, le territoire de l'actuel Venezuela était habité par plusieurs peuples indigènes, dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagatos. Christophe Colomb fut le premier navigateur à atteindre cette région en 1498, lors de son troisième voyage. En 1520, les Espagnols commencèrent à coloniser les îles et les régions côtières. Caracas, fondée en 1567, fut la première colonie d'importance. Les habitations des autochtones construites sur pilotis inspirèrent aux premiers explorateurs européens le nom de Venezuela, c'est-à-dire «Petite Venise». 
Jusqu'à l'établissement du vice-royaume de la Nouvelle-Grenade en 1717, le territoire qui correspond aujourd'hui au territoire vénézuélien fut divisé entre le vice-royaume du Pérou et l'Audience de Saint-Domingue (Audiencia de Santo Domingo). En 1777, le pays fut érigé en «capitainerie générale», tandis que l'économie de la région se développa à partir des exploitations de café, de cacao, de tabac et de coton, ainsi que sur le commerce de ces produits. Les richesses du pays restèrent aux mains d'une aristocratie créole

3.1 L'indépendance
L'histoire de la guerre d'indépendance contre l'Espagne mit en scène deux personnages incontournables: Simón José Bolívar (1783-1830) et Francisco de Miranda (1750-1816), qui prirent la tête des mouvements insurrectionnels. La première rébellion eut lieu en 1809 et fut dirigée par le général Miranda, qui avait combattu en Amérique aux côtés de Washington et en France pendant la Révolution française. 
L'indépendance fut officiellement proclamée le 5 juillet 1811, mais Miranda fut battu par les Espagnols et incarcéré jusqu'à sa mort dans une prison de Cadix. Bolívar reprit alors le combat. Des années d'affrontements s'ensuivirent avant que les forces armées menées par Bolívar, avec l'aide des Britanniques, libèrent la Colombie en 1829 et que le Libertador fonde la République de Grande-Colombie (comprenant le Venezuela, l'Équateur, le Panama et la Colombie), dont Bolívar devint le premier président. La victoire décisive de Carobobo, le 24 juin 1821, assura l'indépendance du pays. Mais les partisans de l'indépendance complète, conduits par Páez, l'emportèrent à la mort de Bolívar (1830).
Depuis cette époque, les Vénézuéliens ont toujours voué un véritable culte pour Simón Bolívar, dont la statue équestre trône à Caracas. Rappelons que Simon Bolivar (1783-1830), d'origine vénézuélienne (Caracas), fut un général qui dut son titre de Libertador au succès des guerres d’indépendance qu’il mena contre l’occupant espagnol.
Bolivar libéra successivement le Venezuela, la Colombie, l’Équateur et le Pérou, et notamment le Haut-Pérou. En 1826, il réunit à Panama le premier Congrès panaméricain, mais échoua à empêcher la guerre entre la Colombie et le Pérou, puis la sécession du Venezuela. Il abandonna le pouvoir en mai 1830 et mourut quelques mois plus tard.

3.2 Révolutions et contre-révolutions
Les débuts de l'histoire du Venezuela indépendant furent marqués par une série de dictatures, de révolutions et de contre-révolutions. De 1830 à 1848, le pouvoir fut détenu par les conservateurs, avant de devenir une dictature sous la dynastie des Monagas. Le général José Antonio Páez gouverna le pays durant dix-huit ans; puis le Venezuela fut déchiré par une guerre civile entre 1858 et 1870 avant d'être dirigé, de 1870 à 1888, par un autre despote, Antonio Guzmán Blanco.  Sa politique s'orienta vers une laïcisation de l'État et une modernisation de l'économie. Entre-temps, soit depuis 1864, le pays prit comme nom officiel États-Unis du Venezuela. Se succédèrent ensuite plusieurs dictatures militaires, dont celle de Cipriano Castro. En 1902, celui-ci s'opposa à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne, qui bloquèrent les ports vénézuéliens en raison de dettes non remboursées par le gouvernement vénézuélien. Le conflit fut réglé en 1904 par le tribunal de La Haye, qui trancha en faveur des Européens, mais en juillet 1907 le Venezuela finit par s'acquitter de ses obligations. L'année suivante, Castro fut déposé par le général Juan Vicente Gómez, qui conserva le pouvoir de 1908 à 1935. C'est sous son régime que commença l'exploitation du pétrole (1922) qui transforma le pays en favorisant l'essor économique.
En 1945, après le renversement de la dictature du général Medina Angarita, Rómulo Betancourt, du parti de l'Action démocratique (AD), s'empara du pouvoir et devint président du Venezuela. En 1953, Pérez Jiménez dirigea le pays en instaurant une nouvelle dictature et changea de nom du pays qui devint la république du Venezuela. L'ancien président Betancourt fut élu en 1958 et remplaça Jiménez, puis instaura un processus démocratique en faisant adopter une nouvelle constitution (1961). Il mena une politique de réformes et de modernisation de l'agriculture et du secteur industriel.

3.3 L'époque contemporaine
En dépit des guérillas menées par des mouvements d'extrême-gauche révolutionnaire, le Venezuela connut une période de stabilité politique avec l'alternance au pouvoir des deux grands partis politiques: l'Action démocratique et le Parti démocrate-chétien. En raison de la croissance économique due aux revenus du pétrole, le pays connut une modernisation rapide. Mais le modèle économique ne permit ni la diversification ni une répartition équitable des richesses. Le malaise social devint perceptible dès la fin des années quatre-vingt.  En février 1989, l'augmentation brutale des prix à la consommation dans le cadre d'un programme d'austérité et de mesures de rigueur déclencha de vives protestations et des émeutes sanglantes à Caracas et dans plusieurs villes. 
Ce mécontentement populaire continu à l’égard de la politique du gouvernement s'exprima par un fort taux d'abstentions aux élections locales de 1989. En 1991, la politique extérieure du Venezuela fut dominée par la signature, entre les membres du Pacte andin, d'un traité visant à établir un Marché commun andin en 1995.
En 1992, deux tentatives de coup d'État militaire furent réprimées, mais le pouvoir resta fragilisé. Le président Pérez fut suspendu de ses fonctions en mai 1993, après que le Sénat eût décidé de le faire passer en jugement pour détournements et abus de fonds publics. En décembre 1993, Rafael Caldera fut élu à la présidence du pays (pour une seconde fois): il suspendit les garanties constitutionnelles dans l’intention d'enrayer la crise financière et économique et de mettre fin à l'agitation sociale.
En juin 1996, le Venezuela signa avec le Fonds monétaire international (FMI) un accord de réajustement économique impliquant la hausse des prix des produits de première nécessité et la privatisation de certaines entreprises comme la Corporación de Guyana, l'un des grands complexes industriels publics du pays. La croissance redémarra en 1997 grâce à la hausse des cours du pétrole et l'inflation se maintint autour de 40 %. Mais le pays traversait une crise politique majeure et la paupérisation de la population s'accentuait.
En décembre 1998, l’ex-lieutenant-colonel Hugo Chavez, auteur d'un coup d’État manqué en février 1992 (ce qui lui avait valu deux années de prison) et devenu «héros» des défavorisés, remporta largement l’élection présidentielle, alors que les deux partis qui se partageaient le pouvoir depuis plus de 40 ans furent liquidés. Sa propre coalition, le Pôle patriotique (une dizaine de partis de gauche et nationalistes), obtint 32 % des voix lors des élections législatives de novembre 1998. Investi des pouvoirs de président de la République en février 1999, il annonça le début du «processus révolutionnaire démocratique et pacifique» et affirma son intention d’en finir avec la corruption et le «néolibéralisme sauvage», de redresser l’économie du pays et de «refondre la République». 
Chavez promit de rendre le pouvoir au peuple en mettant fin au système corrompu accaparé par les deux grandes formations qui avaient signé un accord dans les années soixante pour se partager les responsabilités à la tête de l'État. Dès sa prestation de serment, le nouveau président refusa de jurer fidélité sur l'ancienne Constitution (1961) et annonça la convocation d'une assemblée constituante, qui devait donner naissance à la Ve République. Malgré l’opposition qui en dénonçait l’illégitimité, les Vénézuéliens approuvèrent massivement par référendum la convocation de l'Assemblée constituante chargée de rédiger la loi fondamentale de la Ve République. 
Quelque 70 % des Vénézuéliens approuvèrent, le 15 décembre 1999, la nouvelle Constitution qui fut promulguée le 30 décembre 1999. Le Venezuela a ainsi institutionnalisé la «révolution bolivarienne» de son président, Hugo Chavez. Pour les partisans du OUI, il s'agissait de balayer un ancien régime inefficace et corrompu et d'offrir «un certificat de naissance au nouveau Venezuela» en tant que «démocratie populaire et participative» inspirée de l'exemple de Simon Bolivar, héros du pays et Libertador de l'Amérique latine. Pour les adversaires du nouveau régime, il s'agirait du «suicide d'une nation». Dans la nouvelle Constitution, la torture, la séquestration et les atteintes aux droits de l'homme sont prohibées, tandis que les droits des indigènes (autonomie territoriale, éducation appropriée, interprète dans les procès, etc.) sont enfin reconnus et institutionnalisés. 
Pour marquer cet attachement aux idéaux de Simon Bolivar, le Venezuela s'appelle désormais la République bolivarienne du Venezuela. D'ailleurs, le nom de Bolivar est depuis constamment rappelé à la mémoire collective comme l'illustre le grand «Plan Bolivar 2000», qui a permis la scolarisation de centaines de milliers d'enfants, la construction de logements ou la réfection de routes.
L'année 2001 vit le Venezuela prendre un tournant majeur en matière des droits des peuples autochtones. Après des décennies d'indifférence, le Venezuela adopta successivement la Loi sur l’éducation des peuples indigènes et sur l’usage de leurs langues (18 juin 2001) et la Loi d'approbation de la Convention no 169 relative aux peuples indigènes et tribaux de l'Organisation international du travail (17 octobre 2001). Pour les uns, Hugo Chávez était «El Loco», le fou, tandis que pour les autres il demeurait leur leader. De leur côté, les médias le taxaient de «populiste» parce qu'il usait de ce qu'il appelle «la démocratie participative». C'est un style de direction qui plaisait au petit peuple, longtemps mis à l'écart par les pouvoirs précédents, mais qui continue aujourd’hui de vivre dans un pays où l’écart entre les riches et les pauvres est colossal, et où la classe moyenne s’est réduite comme peau de chagrin et où la criminalité bat les pires records. 
Quoi qu'il en soit, le président Chavez a été renversé par un coup d'État militaire, le 12 avril 2002. Il avait mécontenté les dirigeants des entreprises, les grands propriétaires terriens et les chefs militaires de son pays en s'attaquant à leurs privilèges par une série de mesures populistes. De plus, il était devenu une épine au pied des États-Unis en raison de ses dénonciations du néolibéralisme (qualifié par lui comme «diabolique» et «vénéneux») et son amitié pour Castro. Un nouveau gouvernement provisoire, formé par Pedro Carmona (le président du patronat vénézuélien) a prêté serment dans un climat de grande confusion. Le nouveau président a aussitôt dissous l'Assemblée nationale, le Tribunal suprême de justice, et révoqué 49 décrets-lois promulgués dans l'année par son prédécesseur. Toutes ces décisions avaient reçu le soutien du général Efrain Vazquez, le chef de l'armée. 
Puis, le lendemain, des milliers de manifestants pro-Chavez, venus des quartiers les plus démunis de la capitale, ont marché sur le palais présidentiel de Miraflores, en critiquant les arrestations arbitraires commandées par le nouveau gouvernement. Les généraux, qui avaient soutenu le coup d'État, ont changé d'idée et se sont mis à dénoncer, eux aussi, les abus du gouvernement intérimaire. Sous la pression conjuguée des militaires et des milliers de manifestants pro-Chavez, le président Pedro Carmona a alors démissionné. Le coup d'État de l'élite, devenu un coup de théâtre, n'aura duré que quelques heures; ce coup de théâtre s'est produit après la publication d'un communiqué de l'armée de terre, rejointe par la garde nationale, demandant le rétablissement des institutions démocratiques.
Dans la nuit du samedi au dimanche, Chavez a pris un hélicoptère (qui l'a ramené de l'île de La Orchila, à 150 km au nord de Caracas, dans les Caraïbes, où il avait été détenu), puis il est arrivé au palais présidentiel de Miraflores, tôt le dimanche matin. Il fut aussitôt rétabli dans ses fonctions. Le coup d'État n'aura duré que deux jours, mais il témoigne de la fragilité du pouvoir et de la démocratie dans le pays. La tornade n'est pourtant pas terminée, puisque le bras de fer entre le président démocratiquement élu et les opposants au régime, de plus en plus ouvertement soutenus par les Etats-Unis, ne cesse d'évoluer vers une tentative d'organisation d'un référendum visant à destituer Chavez. Jusqu'ici sans succès, mais la partie n'est pas jouée!
Depuis son accession au pouvoir, en février 1999, Hugo Chavez a entrepris une réforme de l’enseignement sans précédent dans l’histoire bicentenaire du pays en dénonçant les «pratiques corrompues» et les «iniquités», et en stigmatisant le rôle d’une «oligarchie» constituée par les classes privilégiées et par l’Église accusée de priver les pauvres de l’éducation. Le président Chavez a supprimé les droits d’inscription dans les écoles publiques, envoyé l’armée réparer écoles et hôpitaux ou en construire de nouveaux dans les zones rurales, et lancé un programme-pilote destiné aux enfants défavorisés, les «laissés-pour-compte». Toutefois, l’ensemble du système éducatif du pays est traditionnellement d’«une médiocrité notoire»; c'est pourquoi l’enseignement privé est devenu la «voie de l’excellence». Lors d’une visite au Venezuela en janvier 2001, le directeur général de l’UNESCO (Koïchiro Matsuura), a salué les «sérieux efforts» du Venezuela en faveur de l’éducation. Par exemple, les dépenses en éducation atteignent aujourd’hui 6 % du PIB, contre une moyenne de 3,9 % dans les pays en développement.

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