Oleg Telechinin parle avec les hommes et les anges
Artiste autodidacte et membre de la Fédération des peintres de Russie, Oleg Telechinin est né à Moscou le 27 décembre 1971. Résolu à devenir peintre dès l’âge de 11 ans, il réalise alors ses toutes premières toiles: huiles de grand format et dessins à l’encre de Chine. Le monde imaginaire, souvent bleu, d’Oleg Telechinin parle directement à l’âme et permet une véritable alchimie entre l’œuvre et son spectateur. Rencontre avec un peintre d’exception, qui expose durant le mois de mars à Ecublens.
Arrivé depuis peu à Moscou pour y effectuer une mission culturelle de quelques mois, j’étais loin de me douter, ce mercredi 7 octobre, de la rencontre que j’allais faire ce soir-là.
Invité par des amis russes au café Apal, lieu artistique incontournable de Moscou où, chaque mercredi soir, poètes, chanteurs, écrivains, musiciens, comédiens et metteurs en scène ont pris l’habitude de se retrouver et de se produire, j’y fus chaleureusement accueilli par Anna, l’âme du lieu, et présenté comme il se doit à toutes les tables.
La coutume ici consiste à se saluer par les prénoms, de se serrer la main avant que d’être assez intime pour s’embrasser. Un verre de vodka à la main et dégustant des canapés au caviar et au saumon, j’étais ravi d’assister à une telle diversité culturelle, d’écouter des poètes déclamer leurs vers, d’autres nous les chanter sur un accompagnement musical. Quelle merveille! Une ambiance tout à la fois de cabaret et de salon littéraire dans un style début de siècle!
C’est dans cette atmosphère que je rencontrai Oleg. De haute stature, arborant une longue chevelure châtain clair, une très forte présence et un regard perçant, j’entrai en communication avec lui et, sur présentation du catalogue publié de ses toiles, très intéressé par ses œuvres, je le priai de bien vouloir me recevoir dans son atelier, ce qu’il accepta bien volontiers.
Une semaine plus tard, le peintre m’attendait à la sortie de sa station de métro pour me servir tout d’abord de guide à «Kolomenskoie», la région de Moscou où il vit. Une zone naturelle et protégée surplombant la Moskova. Un superbe parc-musée qui peut se visiter aussi bien l’été que l’hiver, quand des centaines d’enfants y viennent avec leurs luges.
Oleg m’explique qu’à partir du XIVe siècle le domaine fut le lieu de résidence d’été des grands ducs, puis des tsars. Pierre 1er y fit construire une isba; nous l’avons visitée ensemble ce jour-là. A Kolomenskoie sont situées de très anciennes églises orthodoxes édifiées au cours des siècles par différents tsars. Oleg m’apprend à honorer par leur nom ces magnifiques bâtisses témoin d’un passé illustre. L’église de l’Ascension, par exemple, mérite bien son nom: superbe construction polygonale élancée vers le ciel et surmontée d’un toit pyramidal, elle se découpe sur un large panorama. Bâtie en 1532, ce fut l’une des premières églises de pierre de ce genre en Russie.
Ensemble, nous avons visité ce petit coin de paradis terrestre qu’Oleg aime par-dessus tout et j’en ai profité pour effectuer de nombreuses photographies.
C’est donc à proximité de ces lieux chargés d’histoire qu’Oleg Telechinin vit et donne naissance à son œuvre. Le peintre maîtrise l’aquarelle, l’encre de Chine, la gravure, la peinture de la fine miniature au grand format, avec un égal bonheur. Dans son atelier règne l’abondance, des toiles comme des thèmes traités. Tout un univers où le monde invisible est omniprésent. Oleg me confie que tous ces tableaux représentent pour lui autant de messages et de symboles, venus à lui par une inspiration qu’il ne contrôle pas, et qui doivent nous inviter à une réflexion personnelle.

«Les hommes et les anges», du 1er au 17 mars, vernissage le 1er mars dès 17h. Galerie du Pressoir, rue de Bassenges, Ecublens. Tél. 021/ 691 96 98.
Régis Monnier