La Russie attend l’arrivée de l’euro
En Russie, comme dans beaucoup d’autres pays, la plupart des institutions financières sont prêtes pour l’introduction sur le marché de l’unique monnaie européenne. Dès le ler janvier 1999, la Banque de Russie a procédé à la cotation du cours officiel de l’euro par rapport au rouble. Les entreprises, dans leurs contrats de longue durée avec des partenaires européens, indiquent maintenant les prix en euro parallèlement au prix dans la monnaie nationale. Cependant la majorité des experts sont d’avis que le dollar restera encore longtemps la devise de réserve pour la majorité des entreprises et des personnes privées russes.
D’abord en raison de l’habitude qu’ont prise de nombreux Russes de garder leurs économies en dollars. Ensuite par peur des contrefaçons, allant de pair avec le manque d’expérience dans l’identification des nouveaux billets. Même la Banque Centrale conseille au public de s’abstenir d’acquérir des euros en billets pendant la première année. Enfin, il est peu probable que les banques russes soient à même de mettre à disposition, prochainement, un tel volume de devises en euro.
Même les liquidités en DM en possession des particuliers (7 milliards selon les estimations) seront vraisemblablement échangées en USD (dont le montant en possession des particuliers en Russie est estimé à 100 milliards). Par ailleurs, le CHF n’est pas considéré comme une monnaie alternative au dollar, du fait d’un change compliqué et d’un cours à tendance nettement basse par rapport au rouble. En outre, les sondages de l’opinion publique dans les pays de l’UE n’ajoutent pas à l’optimisme. Ainsi en Allemagne 80% de la population est contre l’introduction de l’euro. Il est intéressant de relever qu’en Russie seulement 42% des sondés ne font pas confiance à la nouvelle monnaie. Cependant il ne faut pas oublier que la sphère de l’euro englobe environ 40% des opérations commerciales de la Russie avec l’étranger, alors qu’avec les USA ce chiffre n’est que de 8 %. Un passage possible de la Russie à l’euro pour le commerce avec l’UE ainsi qu’une modification de la structure des réserves en devises de la Banque de Russie contribueront à la stabilisation ultérieure de l’euro, ce qui aura pour conséquence son plus grand attrait pour les Russes.
Sergueï Tigranian