Une voix de Géorgie, le baryton Lado Ataneli
Du 8 au 23 juin, les mélomanes ont pu s’offrir le plaisir d’assister à la Tosca de Verdi, au Grand Théâtre de Genève. Nous avons été particulièrement éblouis par la baryton Lado Ataneli, dans le rôle de Scarpia et accompagné de sa femme, la pianiste Manana Tchikovani.
Lado, vous êtes Géorgien, vous avez travaillé le chant au conservatoire de Tbilissi, vous parlez le russe, l’anglais, l’allemand et l’italien, vous habitez à Berlin et voyagez dans le monde entier... A quelle école d’opéra appartenez-vous ?
J’appartiens à deux écoles, la géorgienne et l’italienne. La Géorgie c’est ma patrie et, aussi, je dois beaucoup à mon professeur de chant, Gouladzé; l’Italie, parce que j’aime l’opéra italien, qui m’est proche.
Parlant de votre début, comment était-ce possible à un jeune soliste de Géorgie d’obtenir des contrats à l’étranger, puisqu’en URSS il n’y avait ni impresarios, ni agences?
En effet, à cause de cela plusieurs générations d’excellents solistes soviétiques sont restés inconnus en Occident. Mais ma génération a eu de la chance: le Goskonzert a perdu son monopole... et toutes les portes se sont ouvertes devant nous. Personnellement, j’ai gagné à plusieurs concours internationaux et reçus immédiatement mon premier contrat pour l’Allemagne.
Vous vous êtes déjà produit sur toutes les plus grandes scènes du monde, mais c’est la première fois que vous venez à Genève. Quelle sont vos impressions?
Je suis très reconnaissant à Fabio Luisi pour l’invitation. Le public genevois m’a laissé une impression particulièrement agréable: c’est un public de connaisseurs. Se produire devant un tel public est un réel plaisir.
Y a-t-il encore un rôle que vous souhaiteriez jouer?
Oui, celui de Don Juan. Le fait est qu’on le confie, le plus souvent, à des barytons lyriques, mais Don Juan, ce n’est pas Roméo! C’est un séducteur expérimenté et raffiné, et la voix de l’acteur doit rendre cet aspect mâle, teinté d’érotisme, du rôle.
Êtes-vous satisfait de votre vie?
Sincèrement, oui. J’ai une femme merveilleuse, j’ai eu la chance d’être formé par un pédagogue hors du commun et de commencer, jeune, une carrière internationale. Mais malgré tout, nous avouons une certaine nostalgie de la Géorgie.
Propos recueillis par Nadejda Sikorskaïa