A Lausanne, une école russe aide la langue et la culture à se maintenir
L’école russe de Lausanne est née début septembre 2000 grâce à l’énergie de quelques parents russes désireux de transmettre à leurs enfants la culture et la langue de leurs ancêtres. Aujourd’hui, grâce à l’opiniâtreté de Madame Svetlana Baumgartner, dévouée organisatrice de l’école, 15 enfants de 4 à 14 ans ont classe en russe tous les mercredi après-midi, à Prilly près de Lausanne.
Les cours sont riches et variés: dessin et peinture, langue russe et culture générale. Deux enseignantes se partagent le travail: D’abord Angela du Roure de Beaujeu, qui enseigne le dessin artistique, mais aussi l’orthographe et la grammaire russe, selon le programme de l’école de Moscou. «Avec les petits, confie-t-elle, nous venons de finir l’alphabet russe; tous les enfants ont commencé à lire, mais ils peinent encore à écrire». Natali Davarachvili, quant à elle, était maîtresse d’école à Odessa. A Lausanne, ses cours portent sur la culture générale et la littérature. Côté administration c’est Svetlana Baumgartner qui tient les commandes, mais son soutien et sa motivation sont de tous les instants, comme quand elle n’hésite pas à chercher en voiture un garçon venu en train de Bex et à ramener les enfants que les parents ne peuvent venir chercher.
Mais l’entreprise ne demande pas que de la volonté, car il faut aussi payer les locaux (60 m2 avec deux classes, une salle de thé et des toilettes) et défrayer les enseignantes: «C’est un véritable miracle que nous arrivions à couvrir nos frais, affirme-t-elle. Tous les parents ont aidé pour la mise de départ, mais pour amortir les locaux nous avons aussi divers projets en développement: des cours du soir, des soirées à thème et un atelier d’expression dramatique». En ce qui concerne ce dernier, qui débutera ce 26 avril déjà, il sera sous la direction de Renata Moussina et il est prévu tous les jeudis à 17h. A ce propos, Mlle Moussina invite les enfants dès 6 ans, le 14 mai prochain, à participer à un spectacle de chant et folklore russe préparé par les étudiants du centre de langue de l’Université de Lausanne.
Outre les cours qu’elle dispense, l’école a également des activités à l’extérieur: le 18 avril dernier, par exemple, les enfants avaient une excursion au musée du transport de Lucerne et le samedi 19 mai prochain, parents et enfants sont conviés à un grand rallye.
L’apparition de cette école russe a bien évidemment été saluée par d’anciens immigrants ou descendants d’immigrants qui n’ont pas eu la chance d’apprendre le russe à la maison ou à l’école et qui le regrettent amèrement aujourd’hui. Parmi eux, Pierre Mirimanoff, enseignant de secondaire à Genève, né en Suisse de père russe, se rappelle son enfance: «A la maison, quand j’étais enfant, on parlait le français et j’ai toujours été fâché que mon père ne m’ait pas appris le russe. Je lui étais néanmoins reconnaissant pour toutes les bribes de langue russe que j’ai reçues mais cela ne suffisait pas et j’ai dû, comme beaucoup, apprendre cette langue par moi-même. Un effort que j’ai personnellement fait à l’âge de 15 ans déjà». Comme lui, beaucoup ont regretté et regrettent encore de n’avoir pas eu le choix, d’avoir été exclus d’une partie de leurs racines. L’école russe de Lausanne apporte donc une alternative bienvenue.