Le nom des «Colombettes» est connu dans le monde entier, d’abord par le «Ranz des vaches», cette chanson célèbre qui fait partir le troupeau pour la transhumance. La tradition prétend que c’est dans ce coin de pays qu’auraient été composées les premières paroles de ce chant. Un moine du couvent de la Part-Dieu, de passage dans ce chalet alpestre, les aurait mises en musique. L’inoubliable chanoine Bovet, qui a donné son nom à l’Association des Fribourgeois «hors les murs», a harmonisé la mélodie dont l’origine se perd dans la nuit des temps. N’est-elle pas la plus belle qui est interprétée à chaque fête des vignerons, à Vevey, où elle fait couler une larme à des milliers de spectateurs?

Une auberge et son histoire

L’Auberge des Colombettes, devenue café-restaurant, a aussi son histoire. Dans le guide historique de Clément Fontaine, consacré au village de Vuadens, on peut lire: «Au milieu du siècle passé, les Colombettes eurent un grand renom en raison des bains qui s’y établirent sous les auspices d’un certain Charles Moret, dont l’épouse avait recouvré la santé grâce à des bains de vapeur aux herbages de montagne. Le sieur Moret fit donc construire aux Colombettes (là où sont situés les immeubles acquis par la Fondation du même nom) des bâtiments suffisants pour faciliter l’usage de ce précieux remède. Une source abondante alimentait les bains, ce qui n’existait nulle part à l’époque. Plusieurs troupeaux de vaches nourries des herbages succulents et aromatiques des Alpes, étaient destinés à fournir des bains de lait ou de petit-lait à discrétion».

Telle est brièvement contée l’histoire des Colombettes où des hommes célèbres y ont séjourné. En 1868, nous raconte la chronique, Gustave Roux, artiste, fils d’un pasteur de Meyriez, illustrait avec bonheur les scènes du «Ranz des Vaches». C’est aussi dans ce coin idyllique que Châteaubriand, Victor Hugo et Lamartine vinrent se reposer.

Louis Ruchonnet, président de la Confédération, aimait cette retraite emplie de poésie pastorale. On dit même que les Colombettes eurent l’honneur d’accueillir Rossini et que le charme de ce coin de terre aurait inspiré son «Guillaume Tell». On prétend que Viotti fut aussi l’hôte de ce lieu. L’abbé Bovet s’y est rendu très souvent pour y composer des mélodies. Enfin, en 1939, veille de la seconde guerre mondiale, séjournait aux Colombettes Mgr Courbe, évêque coadjuteur de Paris. Que cette histoire de santé, de musique, continue à être le miroir vivant de l’exemple à venir...